Harcèlement moral : faut-il porter plainte au pénal ?
Actualité publiée le 06/05/2025
Le harcèlement moral est une infraction pénale. Peut-on porter plainte ? Est-ce efficace ? Découvrez ce que dit la loi, les limites de la procédure pénale et les alternatives plus pragmatiques devant les prud’hommes.
Être victime de harcèlement moral au travail n’est pas seulement une épreuve personnelle, c’est aussi un fait juridiquement reconnu.
Le Code du travail interdit formellement le harcèlement moral, et le Code pénal le considère comme une infraction. Il est donc possible de porter plainte. Mais est-ce vraiment la voie la plus efficace pour obtenir réparation ?
Harcèlement moral : une infraction pénale reconnue
Oui, le harcèlement moral est un délit puni par la loi. En théorie, vous pouvez engager une procédure pénale contre votre harceleur.
Ce que dit la loi
Le harcèlement moral est visé par le Code du travail (article L1152-1) mais aussi par le Code pénal (article 222-33-2).
En tant que victime, vous pouvez :
- Déposer une plainte pénale auprès du procureur de la République,
- Vous constituer partie civile si le procureur ne donne pas suite dans un délai de trois mois.
Le harcèlement moral est passible de peines d’amende et, dans certains cas, de peines de prison.
En pratique : une procédure souvent longue et déceptive
Même si la loi vous protège, les recours pénaux sont souvent peu efficaces dans le cadre professionnel. Voici pourquoi.
Des délais très longs
Lorsqu’une plainte est déposée, plusieurs obstacles apparaissent fréquemment :
- Un classement sans suite par le procureur (faute de preuves jugées suffisantes),
- Une instruction longue quand elle est ouverte,
- Une audience devant le tribunal correctionnel qui peut se tenir des années plus tard.
La lenteur de ces procédures, combinée à leur issue incertaine, rend souvent le parcours pénal décourageant pour les victimes.
Un impact psychologique lourd
Les victimes de harcèlement moral sont souvent déjà fragilisées par ce qu’elles ont vécu. Engager une procédure pénale expose à :
- Une attente émotionnellement épuisante,
- Des confrontations douloureuses,
- L’absence de reconnaissance judiciaire à court terme.
C’est pourquoi les praticiens du droit du travail conseillent généralement d’envisager une autre voie, plus directe et plus réparatrice.
Le conseil de prud’hommes : une voie plus efficace
Face aux limites du pénal, la justice prud’homale s’impose comme une solution plus pragmatique pour les victimes de harcèlement moral.
Obtenir réparation plus rapidement
En saisissant le conseil de prud’hommes, vous pouvez demander :
- La résiliation judiciaire de votre contrat de travail,
- Des dommages et intérêts pour harcèlement,
- Une indemnisation du préjudice moral et de la perte d’emploi.
Cette procédure, bien que parfois longue elle aussi, est plus directe, centrée sur le préjudice, et mieux adaptée au monde du travail.
Un choix de raison
Même si le harcèlement moral est un délit, renoncer à la plainte pénale ne signifie pas renoncer à vos droits.
L’important est d’être reconnu(e) comme victime et indemnisé(e) rapidement, ce que permet le conseil de prud’hommes.
Conclusion
Le harcèlement moral est une infraction pénale, et vous avez le droit de porter plainte.
Mais en pratique, le parcours pénal est long, éprouvant, et souvent inefficace. Pour beaucoup de victimes, la voie prud’homale est plus rapide, plus ciblée, et plus utile pour tourner la page.
Ne restez pas seul·e. Faites-vous accompagner, et choisissez la voie qui protège au mieux votre équilibre et vos droits.
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