Germain-Phion & Jacquemet
Défense des salariés

L’inaptitude au travail : définition, procédures et conséquences

Actualité publiée le 09/07/2025

Tout savoir sur l’inaptitude au travail : définition, niveaux, procédures et conséquences pour le salarié et l’employeur.

Lorsqu’un salarié ne peut plus exercer ses fonctions pour des raisons de santé, on parle d’inaptitude. Ce statut juridique, défini par le Code du travail, entraîne des conséquences importantes tant pour l’employeur que pour le salarié concerné. Pour bien comprendre ce que recouvre cette notion, il est essentiel de distinguer les types d’inaptitude, les étapes à suivre et les obligations légales des deux parties.

Qu’est-ce que l’inaptitude au travail ?

L’inaptitude au travail est constatée par le médecin du travail lorsqu’il juge qu’un salarié ne peut plus occuper son poste, de façon temporaire ou définitive, en raison de son état de santé physique ou mentale. Elle se distingue de l’arrêt maladie par sa dimension juridique : elle entraîne des effets sur le contrat de travail.

Une inaptitude peut être d’origine professionnelle (liée au travail) ou non professionnelle (accident ou maladie hors du cadre professionnel). Cette distinction a un impact direct sur les droits du salarié.

Les différents niveaux d’inaptitude

Avant d’envisager une rupture du contrat, il est important de comprendre les formes que peut prendre l’inaptitude. Elle peut être partielle, temporaire ou définitive, selon l’évaluation médicale.

Voici les grandes catégories.

L’inaptitude partielle

Dans ce cas, le salarié n’est pas apte à reprendre toutes les tâches de son poste, mais peut en assumer certaines. Le médecin du travail peut alors recommander des aménagements de poste (modification des horaires, adaptation du matériel, réduction des efforts physiques…).

L’employeur doit rechercher un poste compatible avec les restrictions émises. S’il trouve une solution, le salarié peut être reclassé.

L’inaptitude temporaire

Elle survient lorsque l’état de santé du salarié empêche temporairement la reprise du travail. Le médecin peut prévoir une réévaluation dans un délai donné. Cela laisse le temps d’une potentielle amélioration de l’état de santé ou d’un aménagement temporaire.

Pendant ce temps, le contrat de travail est suspendu. Ce cas est fréquent à la suite de traitements médicaux lourds ou d’un accident.

L’inaptitude définitive

Elle est prononcée lorsque le salarié ne pourra plus jamais reprendre son poste, même avec des adaptations. Cela ouvre généralement la voie à une procédure de reclassement ou de licenciement pour inaptitude, si aucun reclassement n’est possible.

Comment se déroule la procédure d’inaptitude ?

L’inaptitude doit être constatée exclusivement par le médecin du travail. La procédure est strictement encadrée par le Code du travail.

La visite médicale et l’échange tripartite

Le médecin doit obligatoirement réaliser un examen médical et peut, s’il le juge nécessaire, organiser une seconde visite dans un délai de 15 jours. Avant de rendre son avis, il échange avec le salarié et l’employeur, notamment sur les possibilités d’aménagement ou de reclassement.

Le constat d’inaptitude

À l’issue de l’évaluation, le médecin rend un avis d’inaptitude écrit, motivé et transmis aux deux parties. Cet avis peut mentionner des recommandations précises pour le reclassement ou signaler que tout maintien dans l’emploi serait gravement préjudiciable pour le salarié (ce qui peut justifier une dispense de recherche de reclassement).

Quelles sont les obligations de l’employeur en cas d’inaptitude ?

Dès réception de l’avis, l’employeur dispose de 30 jours pour proposer un poste de reclassement adapté. Cette recherche doit être sérieuse, personnalisée et documentée.

Le poste proposé doit :

  • Respecter les capacités restantes du salarié.

  • Être aussi comparable que possible au poste précédent.

  • Prendre en compte les préconisations du médecin du travail.

En cas d’impossibilité de reclassement, ou si le salarié refuse les postes compatibles proposés, l’employeur peut engager une procédure de licenciement pour inaptitude.

Quelles sont les conséquences pour le salarié ?

Le salarié déclaré inapte n’est pas automatiquement licencié. Plusieurs situations sont possibles selon la nature de l’inaptitude et la suite donnée par l’employeur.

Le reclassement

S’il accepte un poste compatible proposé par l’employeur, le salarié peut continuer à travailler dans l’entreprise, souvent dans un autre service ou avec des conditions adaptées.

Le licenciement pour inaptitude

Il intervient :

  • Si aucun reclassement n’est possible.

  • Si le salarié refuse les propositions compatibles.

  • Ou si le médecin précise qu’aucun reclassement n’est envisageable.

Le salarié perçoit alors :

  • Une indemnité de licenciement (majorée si l’inaptitude est d’origine professionnelle).

  • Une indemnité compensatrice de congés payés.

  • Des allocations chômage sous certaines conditions.

En conclusion

L’inaptitude au travail est une mesure protectrice, destinée à éviter que l’état de santé d’un salarié ne se dégrade davantage à cause de son activité professionnelle. Elle peut être partielle, temporaire ou définitive, et entraîne une procédure bien encadrée. L’employeur a l’obligation de chercher un reclassement adapté avant tout licenciement, et le salarié bénéficie de droits spécifiques selon l’origine de l’inaptitude. Mieux comprendre cette procédure permet à chacun – employeur comme salarié – d’agir dans le respect de la loi et de la santé au travail.

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